L’adaptation de notre société au handicap est une nécessité ! Le combat a été long, mais les associations ont réussi à nous faire prendre conscience de cette réalité. Aujourd’hui, rares sont ceux qui la remettent en question. Mais tout aussi rares sont ceux qui vont au-delà de cette affirmation. Et si l’adaptation au handicap n’était pas une contrainte, un devoir, une obligation, mais une opportunité, une chance ? Et si le handicap était une source d’innovation ? Rendre nos structures accessibles pour rendre la vie plus simple pour tous, en situation de handicap ou non. C’est ce que pense Simon Houriez, c’est pour ça qu’il a fondé l’association Signes de sens, et c’est (peut-être) grâce à ça qu’il va changer le monde !
En quoi consiste Signes de sens ?
Signes de sens, c’est une association dont l’objet est d’accompagner la transition inclusive de la société, c’est-à-dire de faire en sorte que des personnes, qu’elles aient ou pas un handicap ou une particularité à besoins spécifiques puissent vivre une vie satisfaisante au sens des valeurs de la République « Liberté, Égalité, Fraternité ». Avoir accès à ce qui fait qu’on est content de ce qu’on vit, ce qu’on traverse, qu’on a des opportunités, qu’on peut rencontrer des gens, qu’on peut avoir un travail, et cetera. L’aspiration, c’est une société inclusive dans laquelle tout le monde a des chances de s’épanouir et de réussir son chemin.
J’imagine que si vous avez fondé cette association, c’est que vous aviez constaté que ça n’était pas le cas…
Dans l’histoire du handicap, il y a la toute première étape où on ne savait même pas que ça existait. C’était un sujet complètement absent de la discussion. Ensuite, il y a eu un travail militant qui a permis de faire émerger le sujet et de le faire reconnaître, notamment par l’État qui a fini par dire OK, vous existez, vous êtes des citoyens. Je pense qu’on entre maintenant dans un troisième temps, l’ère des solutions concrètes ! C’est-à-dire le moment où l’on doit vraiment transformer les situations de vie. Et nous, c’est là-dessus qu’on travaille à Signes de sens, sur cette vision du handicap comme un levier d’innovation.
Finalement, l’accessibilité universelle n’est pas un progrès destiné seulement aux personnes en situation de handicap ?
Les personnes avec des atypismes sont celles qui ont le plus de potentiel pour transformer la société telle qu’elle est construite aujourd’hui. Et ce dont on se rend compte, c’est qu’une fois qu’on a fait ces transformations, ceux qui n’avaient pas identifié particulièrement de problèmes se sentent mieux servis. Donc nous on voit cette démarche de transformation comme un progrès pour tous. Le fondement de Signes de sens, c’est ça, faire du handicap un outil de transformation au bénéfice de l’ensemble de la société.
Comment vous est venue l’intuition de retourner la proposition, c’est-à-dire : s’adapter au handicap, ce n’est pas un coût, mais une ressource potentielle ?
Quand j’ai rencontré le handicap, par hasard, je me suis dit à quoi ça sert ? Ça peut paraître un peu bizarre comme question, mais à l’époque, quand j’ai commencé, on était dans une réflexion très découpée. D’un côté, il y avait une vision plutôt médicale qui était de comment réparer les gens qui ont un handicap pour les ramener à la normalité. Et de l’autre côté, il y avait les gens qui disaient, nous on est comme on est, et ça nous définit en tant que groupe humain. Et bien sûr la réponse, elle est un peu au milieu du chemin. Une autre voie que j’ai essayé de tracer dans mon parcours notamment avec Signes de sens. […]
Propos recueillis par Antoine Leiris