Crédit : Floriane Vita / Unsplash

Quel modèle d’entreprise pour demain ?

Isaac Getz est professeur à l’ESCP Business School et expert du leadership et de la transformation organisationnelle des entreprises. Il est l’auteur, avec Laurent Marbacher, de L’entreprise altruiste, publié chez Albin Michel. Une expression qui décrit une philosophie d’entreprise tournée vers le bien commun. Explications dans cet entretien.

Comment définissez-vous l’entreprise altruiste ? L’expression peut sembler paradoxale. On dit bien plus facilement d’une personne qu’elle est altruiste, beaucoup moins d’une entreprise qui est traditionnellement plus tournée vers elle-même et sa recherche de profits. En tant qu’experts de la transformation des entreprises, notre curiosité nous a poussés à étudier des entreprises qui avaient comme point commun de se mettre au service des membres de leur écosystème – leurs clients, fournisseurs, communautés locales – à travers leurs activités de cœur de métier et ceci de manière inconditionnelle. Nous avons observé cette philosophie tournée vers l’autre dans des entreprises de toute taille, de tout secteur, de la multinationale à la PME, situés sur trois continents. Il ne s’agit pas de philanthropie ou d’entrepreneuriat social. Ces entreprises suivent les règles de l’économie de marché, mais elles ont comme finalité de contribuer à la société. C’est le cas, par exemple, de cette banque suédoise Handelsbanken dont les conseillers se positionnent comme des médecins de famille qui font tout pour la santé – financière – de leurs clients. Cette démarche fait que cette banque est la plus profitable de toutes les banques suédoises depuis plus de 40 ans.

Il est possible de jouir de la performance économique comme une conséquence de la poursuite du bien commun.

Comment une entreprise décide-t-elle de devenir une entreprise altruiste ? L’impulsion est donnée par un leader qui souhaite que son entreprise soit au service du bien commun. Qu’ils soient autodidactes ou diplômés de grandes écoles, ces dirigeants partagent une vision similaire. Ils font le pari de l’altruisme et demandent à leurs salariés de tout faire pour le bien des membres de l’écosystème de l’entreprise. C’est un pari qui, comme nous l’avons découvert, se révèle gagnant sur le plan économique. Ils obtiennent la performance économique sans la rechercher. Ils acceptent aussi d’être vulnérables car la confiance absolue peut donner lieu à certains abus. Mais cela ne suffit pas. Le succès de ces entreprises réside aussi dans l’engagement de tous leurs salariés dans ce service inconditionnel. Enfin, il exige aussi le soutien des actionnaires.

En quoi cette philosophie de l’entreprise altruiste peut-elle être une ressource en temps de crise ? Elle bouscule les croyances qui affirment que le bien commun serait réservé aux ONG ou aux organismes non-lucratifs et que le capitalisme est forcément égocentrique. Pourtant, nous avons découvert qu’il est possible de jouir de la performance économique comme une conséquence de la poursuite du bien commun. Nos travaux ont mis des mots sur le vécu de nombreuses entreprises  qui fonctionnent déjà de manière altruiste. En mettant la lumière sur elles et sur leurs leaders, nous espérons inspirer de nombreux autres dirigeants à s’autoriser à être en cohérence avec leurs valeurs, et à créer des entreprises qui deviennent une véritable force du progrès social.

MANIFESTE RESPECT

Respect : n. m. (latin respectus)

  • Sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards ; Manquer de respect à quelqu’un.
  • Considération que l’on a pour certaines choses ; Le respect de la parole donnée.

Source : Larousse.fr 

Étymologiquement, le respect est le fait de se retourner pour regarder ; il implique un effort d’attention vers autrui, associé à la reconnaissance d’une dignité égale. En philosophie, Kant est l’un des premiers à avoir défendu cette notion. Pour lui, le respect est avant tout le sentiment de la dignité de la nature humaine : en respectant la dignité des autres, dans toutes leurs différences, nous nous interdisons de les juger. Comprendre le potentiel et la force du respect, c’est reconnaître sans condition la dignité humaine.

Au-delà même de la tolérance qui, elle, n’exclut ni le mépris ni la pitié, le respect lutte et agit en vertu de la dignité humaine et de la bienveillance.

Approcher début 2022 la notion de respect, et donc celle de dignité, conduit à poser un acte d’engagement au cœur de ce moment clé de transition de notre époque.

Alors que le débat démocratique insiste souvent sur l’absence de projet collectif, sur ce qui sépare les « communautés », tout en faisant l’apologie des libertés individuelles au détriment du commun, il semble indispensable de poser en valeurs cardinales le respect et la dignité, sous toutes leurs formes, à commencer par le respect de la différence.

Appuyé sur une histoire forte et exigeante, le nouveau magazine respect porte haut les couleurs du respect des autres, de la différence, de toutes et tous, c’est-à-dire de la différence en termes d’âge, de genre ou de sexe, d’orientation sexuelle, de handicap, de croyances, d’opinions, d’origine sociale, culturelle, économique…

Et dans la continuité de cet axe fondamental, le respect s’étend à tout ce qui nous entoure, à l’ensemble des sujets du temps présent au cœur desquels s’inscrit l’engagement, sous toutes ses formes.

Il s’agit ainsi :

  • Du respect des autres
  • Du respect de la différence
  • Du respect de l’environnement
  • Du respect du débat démocratique
  • Du respect des enjeux sociaux
  • Du respect des territoires

Du respect de l’entreprenariat lorsqu’il est sincèrement orienté vers son impact sur l’humain et sur la planète.

Le magazine respect s’incarne par des visages, des mouvements, des aspirations et prend la parole en la donnant à des voix uniques, singulières et collectives, rassemblées à travers des récits, des manifestes, des exclamations.

Être différent n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même. (Albert Camus)

En France, le respect de la dignité humaine a été érigé en principe à valeur constitutionnelle par la décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 1994.

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